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CDF: Mika Pierzak (VFC) « Ce match représente un risque pour l’intégrité physique de mes joueurs ».

L’annonce de la reprise des entraînements avec contacts et la programmation du 6ème tour de la coupe de France pour fin janvier n’a pas du tout été appréciée au sein de Velay FC et notamment son coach, Mika Pierzak.

Mika, tu ne décolères pas depuis l’annonce hier matin de la FFF sur la reprise de la coupe de France pour le week-end du 30/31 janvier, pour quelles raisons ? 

On a été abasourdis par cette nouvelle car elle est plus que surprenante au vu du contexte actuel. On est quand même à un stade où certains secteurs professionnels sont totalement à l’arrêt, au bord de la faillite. Et soudainement, on autorise des amateurs, dont certains ne peuvent toujours pas travailler, à aller jouer un match de foot, avec tous les risques que cela génère pour eux et leur famille.

Au niveau éthique, je suis donc très mal à l’aise en pensant à tous ceux qui luttent au quotidien et je ne suis pas sûr que cette décision fasse une bonne publicité au football qui paraît au-dessus des lois.

Avez-vous été consultés sur cette reprise ?

Evidemment que non. Et c’est de là que vient notre colère. On lit partout que le FFF et la ligue se réjouissent de la reprise de cette compétition. Mais pour qui se réjouissent-ils ? Ils ne nous ont pas concertés pour savoir si cette reprise, dans ces conditions, nous satisfaisait.

Cette obstination à vouloir maintenir ou reprendre des compétitions me dégoûte car notre quotidien, en tant que coaches ou dirigeants est très éloigné de la pratique compétitive. On passe notre temps à maintenir du lien social, à faire en sorte que les gars ne décrochent pas, gardent une certaine activité physique nécessaire à leur bien-être et ne tombent pas dans la sinistrose.

Là, on veut nous faire croire qu’on nous donne l’opportunité de jouer un match et qu’on devrait être contents de cela.

C’est une aberration.

Vous êtes quasiment à l’arrêt depuis fin octobre et on annonce une reprise des entraînements avec contacts mais comment faire avec le couvre-feu à 18h ?

On a repris en décembre, dans le strict respect du protocole sanitaire de la FFF : pas de vestiaire et surtout pas de contact. Les entrainements contribuent juste au maintien de certaines capacités athlétiques et techniques.

En raison de l’éloignement (règle des 20 km) puis plus récemment du couvre-feu, certains joueurs n’ont pu s’entrainer que 3 ou 4 fois en deux mois et demi !

Comment peut-on penser que 10 jours de préparation, à la condition qu’il y ait une dérogation au couvre-feu, seraient suffisants pour disputer un match contre une équipe qui s’est entrainée normalement pendant toute cette durée ?

Aucun de mes joueurs n’est prêt à jouer ce type de match dans 10 jours.

Quelle est la position du club sur le sujet ? Allez-vous tout de même vous présenter face au Puy Foot dans 10 jours ?

Toutes les formations dispensées par la FFF mettent en avant la nécessité d’assurer la sécurité des pratiquants.

Pour le coup, je pense que ce match représente un risque pour l’intégrité physique de mes joueurs et qu’il ne peut et ne doit pas se dérouler à cette date. Le forfait semble donc la solution la plus évidente.

Il n’y a aucun intérêt sportif à disputer ce match.

Avec le président, nous réfléchissons à un moyen de montrer l’absurdité de cette décision.

J’espère aussi que les clubs amateurs feront front en boycottant ce tour et ne penseront pas à leur intérêt personnel.

Comment les joueurs ont-ils pris la nouvelle également ?

J’ai reçu pas mal d’appels ou de messages depuis l’annonce. Je prendrai le temps aujourd’hui de tous les consulter pour connaître leur position mais aussi leur expliquer mon point de vue. Pour l’instant, à 2 ou 3 exceptions près, on va dire que cette annonce est plutôt très mal perçue au sein du club.

Comprends-tu la FFF de vouloir faire jouer absolument cette coupe de France dans le contexte actuel ?

J’imagine que les raisons sont avant tout financières. L’appât du gain est plus fort que tout. La fédération scie inconsciemment la branche sur laquelle elle est assise.

Au-delà de la coupe de France, les discours tenus sur une éventuelle reprise des championnats semblent déconnectés de toute réalité. Tous les 15 jours, alors que la situation empire, on nous sort des scénarios improbables alors que beaucoup d’entre nous attendent plus de sagesse et de recul. Car tous ces discours maintiennent une certaine pression sur les clubs, qui ne veulent pas être largués en cas de reprise, quitte à contribuer à la dégradation de la situation sanitaire du pays…

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